1921.Constant
1921.Constant Mouvet
Que dire lorsque l’on a intimement connu quelqu’un ? Devrais-je céder la plume à d’autres en espérant qu’ils soient plus objectifs ou amorcer moi-même une courte biographie ? Il est difficile de parler de son père et de rester neutre, pourtant je vais essayer. 1921.Constant est né à °Nismes le 08.08.1921 de 1892.Gaston et d’Anna François. Il épousa à Hanzinne le x 02.04.1943 Florentine Archambeau °10.09.1922, fille unique d’Arthur Archambeau 1896 – 1972, ouvrier agricole et de Clara Lambert 1897- 1951, cabaretière. Ils eurent quatre enfants. Je suis leur aîné et depuis 2020, le dernier en vie :
- 1943.Yvan, °Nismes le 24.11.1943 –
- 1945.Christian, °Nismes le 01.06.1945 – *Auvelais le 16.04.2020.
- 1848.Josiane, °Nismes le 06.08.1946 – *Nismes le 08.02.1948.
- 1952.Jean-Marie, °Bruxelles le 15.05.1952 –*Jette le 10.12.1986.
L’enfance de Constant se passe dans le village natal, il va à l’école primaire communale du château Licot dirigée à l’époque par M. Hanevart, l’instituteur. Il est fréquemment premier de sa classe. Les occupations ne manquent pas dans sa jeunesse, entre la musique en fanfare avec son père, les courses à bicyclette pour délivrer les colis de boucherie et les jeux avec la bande du quartier. A ce propos, Constant racontait que vers l’âge de 12 ans, il emportait son frère Ernest, de dix ans son cadet dans un sac à dos, par mont, par vaux et sur les tiennes, ces collines typiques de la région. Il y avait aussi quelques fois une sorte de « guerre des boutons » à Nismes entre les gamins de deux quartiers du village ; bagarres entre jeunes, rivalités de demain. Autre souvenir, son malinois, doué comme chien de garde, l’accompagnait chaque jour à l’école.
Plus tard en âge de travailler, il s’engage à la poste, d’abord comme Suppléant des Postes, mais très vite on lui donne les responsabilités de percepteur, pas le salaire. C’est ainsi qu’il se voit confié le bureau de poste d’Hanzinne pour remplacer le percepteur malade. Pour ne pas faire les trajets quotidiens entre Nismes et cette localité, Constant loge au Café de Sports sur la Grand Place d’Hanzinne. Clara Lambert, la patronne, fonctionne comme une auberge, logeant et nourrissant les voyageurs de commerce. Constant rencontra dès le mois de juillet 1939 Florentine lors de son retour de pension à l’école Normale la Providence de Gosselies où elle étudiait. La drôle de guerre éclate en septembre.
Constant allait avoir 19 ans en août 1940 lorsqu’il fut convoqué en février en vue de son incorporation dans l’armée, procédure abandonnée par l’invasion allemande du 10 mai 1940, c’est le début de la seconde guerre mondiale. Son dernier travail à la poste : faire en sorte que les envahisseurs ne puissent pas s’emparer des valeurs du bureau d’Hanzinne. La suite est dramatique, Constant, Florentine et ses parents décidèrent de fuir l’arrivée des nazis avec le fermier Joseph Vanolst, les chariots et les chevaux de la Cense de la Prévôté. Après une équipée dangereuse sous les bombardements des stukas, après avoir été bloqués dans le Nord de la France par l’avance fulgurantes des panzers, ils opérèrent un retour au village.
Avec l’obligation en 1943 du travail obligatoire en Allemagne pour tous les jeunes ayant 22 ans cette année-là, la guerre change de nature. Constant et Florentin se marient le 2 avril 1943, il y a urgence, papa entre en clandestinité et Yvan naît le 24.11.1943.
Constant est devenu réfractaire au travail obligatoire. Il n’ira pas en Allemagne : le reste de la guerre, Paul Jacquemart se cachera afin d’éviter les contrôles car, malgré une fausse carte d’identité et des cheveux colorés au cirage noir, changer de nom était impératif.
A la libération, il fera deux ans de service militaire puis quittant la poste, il s’engage à la gendarmerie. Pendant ce temps-là, Florentine élève leurs trois enfants car les deux derniers naissent après le conflit.
Au décès de 1946.Josiane en 1948, Florentine ne supporte plus de vivre à Nismes loin de son mari. Le couple décide alors de s’établir à Bruxelles. Constant restera toute sa vie au grade de maréchal des logis de manière à ne pas changer de casernement pour offrir à sa famille le maximum de stabilité. La naissance en 1952 de Jean-Marie à Uccle reste un tournant dans la vie. La même année, Constant avec un groupe d’ami du village crée la fanfare d’Hanzinne, une formation musicale chargée d’accompagner les festivités locales. Constant hésitera un temps entre le football où il jouait centre avant dans l’équipe de Nismes en 1ère division provinciale et une carrière musicale. Cette dernière option sera son choix. La carrière de musicale de Constant est remarquable par sa qualité. Avec la musique des guides, de la gendarmerie ou encore sous la direction d’Arthur Prévost, cofondateur en 1942 de la fanfare Paul Gilson, Constant occupera toujours le pupitre de premier bugle solo.
Constant, directeur et cofondateur de la fanfare d’Hanzinne de 1952 à janvier 2003, est remarqué en défilant dans de nombreuses « Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse » sous l’uniforme de la musique du 1er régiment de la Garde Impériale (1813). Formation constituée uniquement de cuivres, pas même de saxophone (à l’exception de Jean Laloux, la grosse caisse de réserve). Il démissionnera en 2003 après en avoir fait une Fanfare Royale.
L’histoire ne limite pas Constant à son seul rôle dans la fanfare d’Hanzinne, sa réputation de directeur musicale vint aux oreilles du comité des « Fanfares Royales de Nismes » qui l’ont sollicité pour en assumer la direction : étrange mais réjouissante évolution que la fusion des trois formations antagonistes du village ; voyez l’article consacré au père de Constant, 1892.Gaston. Ensuite, le comité de la fanfare « Les Echos du Viroin » de Vierves-sur-Viroin , petit village de l’entité communale nismoise lui a fait la même proposition. Constant retraité de la gendarmerie accepta. Pour ses activités dirigeantes remarquables et prestigieuses, la commune de Nismes a décerné à Constant en 1992, le titre de « Citoyen d’Honneur de Viroinval ». Viroinval est le nom de la nouvelle entité communale créée après l’importante fusion des communes en Belgique le premier janvier 1977 ; son centre administratif est à Nismes.Il dirigera conjointement ses trois fanfares durant de nombreuses années, développant son art jusqu’à ce qu’une dégénérescence de la macula diminue sa capacité visuelle.
La vie de Constant et de Florentine fut endeuillée à plusieurs reprises par la perte de deux enfants : A) Josiane °1946 – *1948, décédée à Nismes en bas âge, suite à une succession de maladie ; une pneumonie dont elle guérit mais qui révèle son allergie à la pénicilline suivie d’une méningite qui lui fut fatale. Ils conserveront, de la perte de cette petite fille dynamique et enjouée, une douleur inextinguible leur vie durant. B) Le deuxième drame frappe les deux parents au plus profond de leur cœur, le décès du plus jeune fils, 1952.Jean-Marie °1952 – *1986, policier en fonction à Jette, tué en service par un collègue à la suite d’une bavure : voyez les détails à l’article qui lui est consacré.
Durant de longues années, Constant pensionné de la gendarmerie et Florentine vont s’occuper de Marc et Magali, les enfants Jean-Marie jusqu’à leur majorité.
Constant placera les économies réalisées sur la pension de Jean-Marie dans l’achat d’une maison à Nismes afin de garantir un appartement aux enfants. Marc s’installera, avec Sophie Delbart qui allait devenir sa femme, au rez de chaussée avec le projet d’y créer un commerce de fleuriste pour Sophie. Magali louera son appartement durant de nombreuses années mais un jour, comme il était difficile de trouver un locataire, Constant décida de s’installer dans l’appartement de Magali au premier étage de cet immeuble. Conjointement il mit en vente sa villa de la rue de la Station. Ce dernier déménagement à l’âge de 90 ans fut épique. Passer d’une maison cinq chambres à l’appartement nécessita un nettoyage par le vide dont Florentine fut la première à souffrir.
Constant décède à *Nismes le 14.03.2014, âgé de 94 ans, quatre mois jours pour jours après celui de son épouse 1922.Florentine décédée à l’hôpital de *Mont Godinne le 14.11.2013 où elle se trouvait traitée pour un souffle au cœur.