A. L’Intermédiaire des Généalogistes

Le docteur Willy Mouvet et Ghislaine De Roubaix son épouse, ont édité des articles fort bien documentés dans l’Intermédiaire des Généalogistes (I.G.), numéros I.G. 267, mars 1990, pp. 109 à 152, & n° I.G. 268, avril 1990, pp. 187 à 207, parus de mai à août 1990 (ci-dessous réf. 24). Ils ont poursuivi leurs publications dans le numéro I.G. n° 356, février 2005, pp. 60 à 80 (réf. 25).

Mme Yvelise Ott-Mouvet a réalisé une excellente étude de la branche française à Eppe-Sauvage où s’est épanouie la descendance d’un fils de 1666.V Roch Mouvet (I.G.n° 267, p. 126), 1698.VI Joseph (I.G. n° 356, p. 60). Willy Mouvet avait limité ses recherches à cet ancêtre. L’enrichissement de l’arbre décrivant la lignée de 1520.I Philippe est évident. Nous remercions vivement les auteurs.

Notez la numérotation au départ de 1535.I Jhérosme (1.) qui se poursuit par 1580.IIbis Maurice (1.6.) et 1625.III Jean (1.6.2.). Elle correspond à l’ordre de succession qui aboutit à la troisième branche de Nismes par 1863.II Jules Valentin Joseph (1.6.2.9.11.3.5.1.6.) et ses descendants. Le rédacteur de l’article a commis une entorse à la règle admise en généalogie par l’attribution aux femmes d’un numéro spécial, un chiffre et la lettre F. Exemple : Céline Marie Jph (1.6.2.9.11.3.5.1.8F).

Notre site publie sous la rubrique ARBRES, pour chaque patronyme, une référence à ces articles. Par exemple : 1602.IIIbis Nicolas (I.G. : p. 187). I.G. pour l’Intermédiaire des Généalogistes.

B. La famille MOUVET dans l’Entre-Sambre-et-Meuse sous l’ancien régime.

INTRODUCTION : Origine du patronyme (I.G. : n° 267, pp. 109 à 111)

Le patronyme Mouvet est en général assez facilement reconnaissable tant dans les registres paroissiaux que dans les autres archives mêmes les plus anciennes. Son orthographe ne varie pas beaucoup : Mouvez, Mouvetz, Movet, Mouve, Mouwe. Les formes qui s’écartent davantage telles que par exemple Muet ou Monnet (vu les confusions toujours possibles entre les u, n et v) n’ont été retenues que lorsqu’indiscutablement les personnages s’apparentent à la famille. Cela dit, il faut constater que l’instabilité orthographique est telle que le nom peut être écrit différemment dans un même acte. On notera également que dans d’autres régions que l’Entre-Sambre-et-Meuse, des noms à consonnance semblable mais écrit tout autrement se rencontrent à savoir Mouvais, Mouwaix…etc. Ceux-ci sortant du cadre de ce travail n’ont fait l’objet d’aucune recherche et seront seulement cités.

Aucune étude anthroponymique n’ayant à notre connaissance été faite concernant le patronyme Mouvet, les considérations suivantes, basées sur des ouvrages spécialisés ou des dictionnaires, ne doivent être envisagées que comme des hypothèses de travail.

Dans sa forme verbale, « mouver » ou « mover » ou encore « mouveter » selon le dialecte utilisé, signifie remuer, bouger, se mouvoir, agiter, brasser, murmurer (1 à 8). «Mouwer » ou « muer » se rencontrent aussi dans le sens d’émouvoir, de toucher ou encore de changer (de plumage), de muer (8 à 11).

Certains verbes ou substantifs à signification plus particulière dérivent de ces sens généraux et se retrouvent dans divers dialectes. Pour Trevoux (12), « mouver » peut soit être employé par le jardinier et vouloir dire remuer la terre dans un pot, soit dans les raffineries à sucre, signifier détacher avec un couteau des parois de la forme le sucre qui s’y collerait sans cette précaution, soit enfin être un terme de rivière « mouve du fond » quand il doit arriver une grande quantité d’eau. J. Trousset (13) se réfère aussi au jardinage : remuer la terre d’un pot, d’une caisse.

Au terme « muer » se rattache le nom féminin « mowe » qui a pour sens soit moue, grimace, soit la mue d’un oiseau (10, 12). La « mowe » est aussi un terme d’oisellerie et définit la sambeyère, appareil servant à agiter les oiseaux qu’on met « al mowe » (10, 14).

Dans certaines régions (le namurois notamment, ndlr), le terme de tenderie, « mouver » veut dire faire fonctionner le « mouvet », nom qui désigne « le dispositif commandé par le tendeur pour faire voleter la chanterelle ou oiseau captif près des filets ». Au figuré, « fé daler l’mouvet » a pour sens essayer d’attirer quelqu’un (15)(Personnellement, étant enfant, lorsque j’ai décliné mon nom à leur demande des jeunes m’ont servi cette expression : ils ont ri et répété à plusieurs reprises « fé daler l’mouvet » dans le sens de « fais-le bouger » ou encore, « joue avec ses pieds », ndlr). Pour Deprêtre et Nopère, le « mouvet » c’est la sambeyère ou le mouvant lui-même : « El mouvet est restenu su l’tendrye pas ses bertèles. (Le mouvet est retenu sur la tenderie par ses bretelles, ndlr) » (16).

Dans le dialecte rouchi (17, 18), le « mouvet » est un « rabot, instrument qui sert à remuer la chaux pour mélanger le poil dans le mortier qui sert au plafonnage ».

Signalons aussi qu’en dialecte picard la « move » désigne un tas de foin (19) et que la « mouvette » (terme encore utilisé actuellement) est une cuillère qui sert à remuer les sauces.

Les ouvrages d’anthroponymie reprennent rarement le nom Mouvet. A. Carnoy n’est pas très explicite et les numéros des références ne correspondent pas à l’index des noms. On croit toutefois comprendre que le « mouvet » est un instrument à manier le suif (20)(Le Grand Larousse Illustré, édité en deux volumes très probablement avant 1914, au nom « mouvet », cite aussi son féminin, une « mouvette », instrument pour remuer le suif, ndlr). Quant à R. Vroonen, il renvoie pour Mouvet au dialecte picard (21).

En néerlandais, mouw(en) se rapporte à manche(s) (21,22,23).

En conclusion, rien ne permet de rattacher directement le patronyme à l’une de ces significations. Tous les termes repris plus haut dérivent cependant du verbe latin « movere » ou encore selon certains de « mutare » (8). D’autre part une origine germanique paraît peu probable.

Il semble donc légitime de postuler que, d’une manière générale, la notion de mouvement est associée au patronyme Mouvet et que plusieurs substantifs comportant cette notion et utilisé dans certains dialectes lui correspondent.

BIBLIOGRAPHIE

  1. JAUBERT, Compte de. Glossaire du centre de la France. Vol. II Paris 1986, p. 93 : « Ex. je n’ai pas pu mouver cette pierre, mouver la vendange dans la cuve, le blé dans le grenier, cet homme est malade, il ne peut plus mouver ; cet enfant ne fait que mouver dans son lit. »
  2. FERRAND, D., Glossaire de la muse normande, dans « Bibli. des dictionnaires patois de la France », 1ère série, VIII, p. 143.
  3. LAMBERT, E., Glossaire du patois picard de Cingneux (Oise). Arras. 1960.p.35.
  4. LE MAISTRE, F., Dictionnaire jersiais-français. Jersey. 1976.
  5. CORBLET, Abbé J., Glossaire étymologique et comparatif du patois picard, Marseille, 1978, p. 491.
  6. ACLOT, Dictionnaire. Nivelles, 1950, p. 265.
  7. VERMESSE, L., Dictionnaire du patois de la Flandre française ou wallonne, Douai, 1867.
  8. GRANDGAGNAGE, Ch., Dictionnaire étymologique de la langue wallonne. Liège. 1845. Bruxelles, 1980, pp. 145 à 146.
  9. Dictionnaire wallon-français. Dialecte de Namur. 1934. P. 320.
  10. REMACLE, L., Dictionnaire wallon-français. Liège. 1843. Pp. 336-337.
  11. FORIR, H., Dictionnaire liégeois-français. 1866. P. 312.
  12. TREVOUX, Dictionnaire. Paris1771. P. 92.
  13. TROUSSET, J., Nouveau Dictionnaire Encyclopédique Universel. 5 vol. Paris 1877.
  14. HAUST, J., Dictionnaire liégeois. 1933. P. 421.
  15. CARLIER, A., Dictionnaire de l’Ouest Wallon. Charleroi.1988. Vol. II. P.203.
  16. DEPRÊTRE, F. et NOPERE, Dr R., Dictionnaire du wallon du Centre. La Louvière. La Louvière ou environs. La Louvière. 1942.
  17. HECART, G.A.J., Dictionnaire Rouchis-français. Valenciennes. 1854. P. 313
  18. Le rouchi est un langage parlé dans le Hainaut français et une partie du Hainaut belge.
  19. DEPRÊTRE, F., et NOPÈRE, Dr R., Dictionnaire du wallon du Centre. La Louvière. 1942. P. 83.
  20. CARNOY, A., Origine des noms de famille en Belgique. Louvain, éd. Universitas, n°186, 1953.
  21. VROONEN, E., Dictionnaire étymologique des noms de famille en Belgique. Bruxelles. Dessart. P. 281 et nos 131 et 266.
  22. SCHUERMANS. Dictionnaire.
  23. TUERLICNKS. Dictionnaire.
  24. MOUVET Willy, in Intermédiaire des généalogistes, n° 267, mars 1990, et n° 268, avril 1990, Service de Centralisation des Etudes Généalogiques et Démographiques de Belgique (S.C.G.D.), 1030 Bruxelles. Maison des Arts, 31 rue Anatole France, Schaerbeek, à 1030 Bruxelles. http://www.sgcd.net), imprimerie COMPO-MECA.
  25. MOUVET Willy, in Intermédiaire des généalogistes, n° 356, février 2005, Bruxelles.

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